Patron, une p’tite mousse
La bière fait partie de l’ADN de l’Alsace. Il existe une véritable culture de la bière, associée à la gastronomie. Les grandes brasseries maintiennent les traditions comme le brassage de la bière de printemps. Quant aux brasseries dites artisanales, elles cultivent leurs différences.
Les amateurs se réjouissent : c’est le retour de la bière de printemps. D’une faible amertume, finement fruitée avec un nez floral et doux, elle est peu alcoolisée. Son origine remonterait à… 1394 ! Elle était alors brassée au début de l’hiver pour être consommée dès le printemps.
L’Association des Brasseurs d’Alsace a récemment « lancé » cette bière de saison lors d’une sympa-thique manifestation en mairie de Mulhouse. Comme l’ont souligné les différents interlocuteurs, l’Alsace assure environ 60 % de la production nationale de bière. Les grandes brasseries membres, Kronenbourg, Heineken, Licorne, Meteor, Saint-Pierre et Uberach ont eu la bonne idée d’associer des artisans brasseurs à ce lancement. Ils sont d’ailleurs nombreux en Alsace, où l’on en compte environ 45.
Parmi eux, Gilles Zwingelstein. Depuis bientôt cinq ans, il brasse « à l’ancienne » des bières artisanales biologiques. Le brassage se fait par plusieurs paliers de température et comme rien n’est automatisé, Gilles doit rester vigilant afin de respecter scrupuleusement les différentes températures.
C’est après une carrière dans l’industrie chimique et dans l’informatique que Gilles se lance et crée « G’sundgo, des bières artisanales made in Eschentz ». « À un moment de ma vie professionnelle, j’ai dû faire un choix. Je brassais déjà un peu de bière pour en offrir à Noël, ça a plu alors j’ai commencé à en produire plus… ».
G’sundgo
C’est la naissance de « G’sundgo », une contraction de Gsundheit (à votre santé en alsacien), de Gilles, de Sundgau.
C’est dans son garage qu’il concocte ses différents breuvages. « J’en ai testé une quarantaine dont je produis entre 15 et 20 à l’année, avec des éphémères en plus, selon la saison. » Pour la Saint-Valentin, il propose la Hartzala », avec du gingembre. Au printemps, c’est la Läwazahnbier , qui apporte une belle fraîcheur. La Hé, t’es sûr ! Oh ? est une blanche qui fleure délicatement les fleurs de sureau.
Si Gilles s’amuse avec les noms de ses créations, il ne plaisante pas avec la matière première. « Je n’utilise que du houblon bio d’Alsace, cultivé par le lycée agricole d’Obernai. Les différentes céréales proviennent de l’agriculture biologique et ce sont les Jardins de Gaïa qui me fournissent les fleurs de pissenlit bios. » Pour le goût, Gilles joue avec les différentes variétés de houblons. « Le mistral par exemple donne un arôme de raisin blanc, de litchi. »
Gilles Zwingelstein ne regrette pas ce changement radical dans sa vie professionnelle. Cinq ans après s’être lancé, il éprouve toujours le même plaisir à brasser ses bières que l’on trouve entre autres à l’épicerie Biocoop de la Maison Engelmann à Mulhouse et dans le réseau de « La Ruche qui dit oui ».
Gsundgo, tél. 06.52.42.65.56. ; [email protected]
Article paru dans l’Alsace le samedi 07 avril 2018 par Ursula Laurent